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« Nous serons toujours aux côtés des familles, pour les défendre, pour les protéger, pour améliorer leur vie » : discours de la Présidente de l’Unaf à l’AG de Pau

L’Unaf a tenu son Assemblée Générale annuelle les 22 et 23 juin 2024 à Pau, en présence des responsables des unions d’associations familiales, et des mouvements familiaux, des bénévoles représentants familiaux et des professionnels venus de Métropole et d’Outre-Mer. Plus de 500 participants étaient présents. Retrouvez l'allocution de la Présidente de l'Unaf, Marie-Andrée Blanc, le samedi matin.

Madame la sénatrice,

Monsieur le Maire de Pau,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mes chers amis,

Je suis heureuse de vous retrouver, après plusieurs mois compliqués qui m’ont obligée à alléger mes activités. Je vous remercie pour vos très nombreux messages de soutien.

Je tiens à remercier notre vice-président, Bernard TRANCHAND.  Cher Bernard, tu m’as parfaitement relayée, avec l’efficacité, l’engagement et la passion, que nous te connaissons. Je voudrais qu’on t’applaudisse bien fort !

Qui aurait pu prévoir que notre Assemblée générale se déroulerait une semaine avant le premier tour de législatives anticipées ?

Le 9 juin dernier, au soir des résultats des Européennes, nous avons appris avec stupéfaction, la dissolution de l’Assemblée nationale.

Cette annonce soudaine a plongé notre pays dans une période d’instabilité, et de fortes incertitudes pour l’avenir.

Vous êtes nombreux à ressentir de grandes inquiétudes.

Attachée au pluralisme, à l’indépendance, et soucieuse de l’intérêt général, notre Institution rassemble, depuis 1945, l’ensemble de ses membres, bénévoles et professionnels, autour d’un principe, d’un objectif commun : celui de la solidarité.

Cette solidarité fonde tout notre système de la sécurité sociale issue également de 45 : « la garantie donnée à chacun, qu’en toutes circonstances, il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille. »

De fortes divisions existent au sein de la société française. Face à cette fragmentation, à la montée continue des colères, à l’expression d’un manque d’espoir, la politique familiale peut constituer un thème fédérateur.

Les jeunes plébiscitent la valeur famille : trois jeunes sur quatre se disent prêts à « risquer leur vie » pour elle. C’est vers elle qu’ils se tournent en priorité en cas de difficulté.

Les familles sont un facteur d’unité ; elles sont porteuses d’espoir.

Afin de construire un projet d’avenir, la politique familiale doit être rendue à sa vocation universelle, et apporter ainsi à l’ensemble des familles des réponses concrètes aux problématiques rencontrées dans leur vie quotidienne.

C’est pourquoi, en responsabilité, nous préconisons des solutions ambitieuses, inscrites dans le temps, et soutenables sur le plan financier.

Lors des présidentielles et des législatives de 2022, nous avions réalisé un travail important pour proposer des solutions concrètes et réalistes.

Articulées autour de quatre priorités, nos propositions restent pleinement d’actualité :

1ère priorité : renforcer la conciliation vie familiale – vie professionnelle pour favoriser l’emploi et accorder du temps aux parents. Cela passe par un congé parental amélioré, une garantie d’accueil du jeune enfant et des coûts abordables pour les parents.

2ème priorité : Améliorer le pouvoir d’achat 

Même si elle ralentit, l’inflation dépasse encore les 2% et reste une réalité tangible pour les familles avec charge d’enfants. Elles disposent de faibles marges de manœuvre sur les dépenses contraintes comme le logement, l’alimentation, l’habillement, les transports, comme le montrent nos budgets-types. Il est donc indispensable que les prestations familiales soient revalorisées a minima au niveau de l’inflation. Cela n’a pas toujours été le cas.

Nous demandons de revoir les plafonds de ressources des prestations qui excluent trop de familles et qui alimentent un sentiment d’injustice.

Le développement de l’accompagnement budgétaire doit aussi permettre aux familles de reprendre la maîtrise de leur budget en évitant la spirale du surendettement.  

A ce sujet, nous avons alerté les pouvoirs publics à la suite de la décision de la Caisse des dépôts de se retirer du financement des plateformes de micro-crédit. C’est pourtant un instrument favorable à l’insertion dans l’emploi et qui est peu coûteux. Nous repartirons à l’offensive sur ce sujet, tant le besoin de mobilité, reste entier pour les actifs modestes notamment en milieu rural.

Et, bien sûr, tout doit être entrepris pour faciliter l’accès au logement, 1er poste de dépenses des familles, en soutenant la transition énergétique.

3ème priorité : Soutenir les parents pour mieux protéger les enfants, en luttant contre les dérives liées au numérique, et en tenant mieux compte de l’impact des séparations sur chacun des parents et sur leurs enfants.

4ème priorité :  Aider les familles à faire face au vieillissement, à la perte d’autonomie, au handicap, et faciliter l’accès aux soins.

Nos propositions sont réalistes et ancrées dans les réalités de vie des familles.

Aussi, je vous invite à les relayer très largement. Je rappelle que défendre l’intérêt des familles constitue votre mission principale, votre singularité dans le paysage associatif et syndical français, au-delà de la gestion des services.

Notre travail de conviction auprès des décideurs publics produit des résultats.

Je vous invite aussi à les diffuser. Quoi de plus éclairant et de plus valorisant pour parler de notre action ?

Depuis des années, nous réclamions une réforme du congé parental avec une meilleure indemnisation.

L’engagement du gouvernement de créer un congé de naissance, dont l’indemnisation serait fonction du salaire, constitue une réponse positive et une avancée importante. Il doit faire suite aux congés de maternité et de paternité. Il était prévu de l’inscrire au PLFSS de 2025.

Il reste à en définir les paramètres. Dans la négociation entamée par le gouvernement avec l’Unaf et les partenaires sociaux, nous avons réclamé :

Il est évidemment exclu que le nouveau dispositif place des parents en difficulté. Il doit leur permettre de s’organiser face à la diversité de leurs situations familiales et professionnelles. Il doit tenir compte de leurs besoins et de la pénurie d’offres d’accueil de la petite enfance.

Nous avons soutenu la nouvelle Convention – la COG – passée entre l’Etat et la CNAF, qui permet de dégager des marges financières généreuses en faveur de l’accueil du Jeune Enfant.

Mais elles ne suffisent pas.

Le principal blocage reste la pénurie de personnels sur de nombreux territoires. Une revalorisation des salaires des professionnels est effective dans certains établissements publics et privés. Mais en raison des retards pris dans les négociations collectives, nombre d’entre-eux en sont encore exclus, ce qui peut créer des concurrences entre les structures.

Nous avons alerté la CNAF et le comité de filière sur les métiers de la petite enfance sur la nécessité d’accompagner les structures qui souhaitent revaloriser les salaires mais dont la convention collective n’est pas encore renégociée.

Pour développer l’accueil, nous avons obtenu la création d’un Service Public de la Petite Enfance. Notre implication a été déterminante pour inscrire ses premiers jalons dans la loi plein-emploi. Malgré de fortes réticences, elle confère aux communes la responsabilité d’autorité organisatrice de la petite enfance. Nous souhaitons aller plus loin en leur attribuant une compétence obligatoire.

Nos alertes sur les dérives du lucratif dans la petite enfance ont été entendues. Lors de nos auditions par l’IGAS et au Parlement, nous avons plaidé pour une réforme des micro-crèches PAJE et du crédit impôt famille attribué aux entreprises. Leurs rapports en font clairement état. Les pouvoirs publics sont désormais attendus pour réformer ce secteur.

En revanche, nous devons continuer à nous battre sur la question des restes à charge pour l’accueil du jeune enfant. Malgré nos alertes et positions à la CNAF, le déplafonnement des tarifs en crèche a été décidé, alourdissant le coût de la crèche, alors qu’aucun impératif financier ne le justifie.

Nous demeurons très inquiets sur la réforme du complément mode de garde qui ferait, selon le gouvernement, 43% de parents perdants au minimum.  Une telle mesure pénaliserait des couples qui travaillent et qui ont besoin de beaucoup d’heures de garde chez une assistante maternelle pour leur enfant. Malgré nos demandes, ce projet n’a toujours pas fait l’objet de discussions pour en revoir les paramètres.

Depuis des années, nous alertons sur la chute continue de la natalité.

Les experts prennent enfin conscience des risques de cette situation pour notre modèle de protection sociale. Récemment, un économiste renommé, a alerté en chiffrant à 75 Milliards d’euros le coût entraîné par cette chute, qui dépasse la question des retraites.

Nos enquêtes, menées l’an dernier, montrent l’écart entre le désir d’enfant et la fécondité réelle. Elles continuent à être largement reprises. Notre chiffre du désir d’enfants de 2,3 enfants par femme, fait autorité, alors que la fécondité est tombée à 1,68 enfant. Il montre le décalage entre le déclin démographique et l’aspiration des familles.

Face au déni qui persiste malgré tout, nous devons continuer à convaincre que la politique familiale peut agir sur la réalisation du désir d’enfants.

Le passé est riche d’enseignements. Lorsque la loi famille de 1994 a amélioré la conciliation vie familiale – vie professionnelle, la fécondité a remonté de façon spectaculaire dès l’année suivante, et durablement. A l’inverse, les coupes excessives pratiquées entre 2011 et 2018 sur la politique familiale ont coïncidé avec une chute accélérée de la fécondité.

Nous n’avons pas cessé de le dire contre vents et marées !

 Quelle satisfaction de voir que la Cour des Comptes reconnaît enfin l’ampleur des dégâts dans un rapport récent sur la situation des familles nombreuses. Parlant des dépenses consacrées à l’ensemble des familles au cours de la dernière décennie, elle indique qu’elles ont conduit à une baisse de leur pouvoir d’achat. Parmi elles, les familles nombreuses ont été les plus affectées.

 Je cite son rapport : « Deux évolutions ont particulièrement joué : les règles d’indexation applicables aux plafonds du quotient familial et du complément familial ainsi que les seuils de modulation des allocations familiales, ont eu pour effet d’évincer du bénéfice des aides une part croissante des familles à revenus intermédiaires (…). Les fragilités structurelles des familles les moins favorisées n’ont pas été réduites pour autant (…) Dans un contexte de baisse de la natalité en France, il serait souhaitable que l’ensemble des montants accordés par les différents dispositifs sociaux et fiscaux en faveur des familles nombreuses soit redéfini (…). »

L’enquête de notre Observatoire des familles donne des clefs précieuses pour comprendre les blocages et les leviers de la réalisation de ce désir d’enfants. Congés parentaux, meilleure prise en compte socio-fiscale, logement, garantie d’un mode d’accueil de qualité et à un coût abordable : autant d’axes que les pouvoirs publics doivent investir.

Autre point crucial : le soutien à apporter aux parents.

A la suite des violences urbaines de l’été dernier, beaucoup se sont interrogés sur la responsabilité des parents. Le débat s’est ensuite élargi à la question de l’autorité, tout en faisant une confusion avec la notion juridique « d’autorité parentale ». Vous pouvez vous reporter à nos travaux détaillés sur ce sujet.

Sans éluder la nécessité pour les pères et les mères d’assumer leurs responsabilités, nous considérons qu’il appartient à l’ensemble de la société de s’interroger sur la façon qu’elle a, de soutenir ou de fragiliser les parents :

Les parents ne doivent pas être laissés seuls, face à leurs responsabilités.

Invités à faire des propositions dans le cadre du Conseil national de la refondation, nous avons insisté :

Pour les associations de terrain, qui sont souvent animées par les parents eux-mêmes, nous demandons un soutien simplifié et dans la durée.

Nous avons multiplié les rencontres et auditions cette année, sans oublier notre action au sein de la CNAF qui a inclu dans la nouvelle COG :

Au sein d’un Collectif Parentalité rassemblant 12 autres acteurs associatifs, nous appelons les pouvoirs publics à élaborer une véritable politique de soutien à la parentalité avec une stratégie cohérente.

Avec les associations familiales, tout le réseau des Udaf est investi avec des actions menées pour et avec les parents. Une diversité d’accompagnement leur est proposée afin de répondre à leurs besoins de la petite enfance à l’adolescence.

Si notre réseau s’inscrit dans une approche universelle en développant une offre pour toutes les familles, des accompagnements plus ciblés leur sont aussi proposés, par exemple dans le cadre des séparations ou pour épauler les familles monoparentales.

Ces dispositifs ont fait leurs preuves, notre réseau est devenu un acteur incontournable.  

Notre expertise est reconnue par les pouvoirs publics. Elle se traduit notamment par le déploiement du label « Parents, parlons numérique » que l’Unaf pilote à la demande de l’Etat, et que les Udaf portent, en lien avec les Caf. Actuellement, 5 Udaf et 5 CAF expérimentent l’animation de ce label au niveau départemental. L’objectif est ensuite de décliner le label « parents, parlons » autour d’autres thématiques que le numérique.

Un mot sur le rôle de l’Etat.

Annoncer l’interdiction du téléphone portable avant 11 ans et les réseaux sociaux avant 15 ans, et parler d’un âge pour la majorité numérique, permet de clarifier le message auprès des parents.

Pour autant, les discours ne suffisent pas. Comment accepter que l’accès des mineurs aux sites pornographiques soit toujours possible alors qu’il est censé être interdit ? L’Etat doit trouver les moyens de contraindre les acteurs économiques à mettre en place des dispositifs de contrôle de l’âge. Il faut avancer vers une régulation permettant un accès progressif des mineurs aux smartphones, réseaux sociaux voire aux jeux vidéo, et une réduction des pratiques numériques excessives. Il y va de la responsabilité de l’Etat.

Nous continuerons à faire pression pour que la régulation du numérique devienne effective et que la protection de l’enfance en ligne soit une réalité.

A l’autre bout de la vie, la perspective d’une loi Grand âge semble plus floue que jamais.

Pourtant, le vieillissement et la perte d’autonomie sont des enjeux majeurs.

Dans le cadre de la loi « Bien vieillir », nous avons été entendus sur plusieurs points déterminants.  Grâce à notre action au Parlement, des dispositions prévues dans le domaine de la protection juridique des majeurs ont été amendées :

Pour les aidants familiaux, nous avons obtenu dans la loi de financement de la sécurité sociale de 2024, la création d’un droit renouvelable à l’allocation journalière du proche aidant sur toute la carrière, et l’allongement de l’indemnisation du congé « proche aidant » jusqu’à un an.

Au sein des Udaf, vous êtes pleinement engagés auprès des personnes en perte d’autonomie, via notamment : la PJM, l’ISTF, l’habitat inclusif, le soutien aux aidants, la médiation aidants-aidés.

C’est pourquoi, vous devez vous mobiliser autour du futur Service Public Départemental de l’Autonomie, dont la Loi a prévu le déploiement pour 2025.

Ce projet ambitieux porté au national par la CNSA vise à simplifier les parcours des personnes en situation de handicap ou de perte d’autonomie, et de leurs aidants.

Une phase de préfiguration est en cours dans 18 départements. Nous avons réuni les Udaf concernées autour de la CNSA, pour en préciser le périmètre. Nous les avons encouragées à se manifester auprès de leurs conseils départementaux et de leurs ARS, qui seront chargés de la mise en œuvre de ce service public dans les territoires

Il concernera les familles mais aussi les services des Udaf et des associations familiales dans tous ces champs. D’où l’importance que vous soyez tous bien identifiés. Ce nouveau service offre l’opportunité de mieux faire connaître vos activités, de valoriser vos initiatives, de faire le lien avec les politiques des départements, et d’être partie prenante avec l’ensemble des acteurs concernés.

Mes chers amis,

Notre action finit par porter lorsqu’elle est résolue, constante, collective, même s’il faut parfois du temps pour emporter la conviction et engranger des résultats positifs.

En ces temps d’incertitudes, à nous de convaincre que la politique familiale est une solution pour fédérer et redonner confiance. L’équilibre de notre société et le maintien du contrat social, en dépendent.

La force de l’engagement familial reposent sur le courage et l’espoir.

Quoi qu’il arrive, nous serons toujours aux côtés des familles, pour les défendre, pour les protéger, pour améliorer leur vie.

C’est l’engagement que nous prenons à leur égard.

Elles peuvent nous faire confiance ! Elles peuvent compter sur nous !